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Getting rid of corporate sexism for real

Published on 11 Jan 2021 by Sigolène Chavane

What practical steps can be taken to promote inclusion and make sure toxic and sexist behaviours are no longer tolerated?

Sexisme en entreprise: qu’est-on vraiment prêt à faire pour que ça change?

OPINION. Nous vivons dans une société imprégnée de culture patriarcale et, si nous ne faisons rien pour la remettre en question, de fait, nous la tolérons, écrit Eglantine Jamet, docteure en sciences sociales, codirectrice du cabinet Artemia Executive.

Depuis le début du mouvement #MeToo jusqu’aux récentes affaires touchant des institutions phares de la Suisse romande, nous assistons à une séquence identique qui semble se répéter ad nauseam. Du cinéma à la politique, des médias au monde scientifique, en passant par les entreprises, le schéma est le même: quelques témoignages courageux, un écho médiatique amplifié par les réseaux sociaux, une libération de la parole révélant de nombreuses victimes, des faits graves et le règne de l’omerta. S’ensuit une certaine cacophonie de discours entre «tout le monde savait» et «on ne pouvait pas imaginer cela chez nous», une dissertation savante sur ce qu’il aurait fallu faire et l’impression que, maintenant qu’on a pris conscience, ça va aller mieux. Et ensuite? Que se passe-t-il?

La falaise résiste pourtant
Bien sûr, cette libération de la parole est essentielle. Permettre aux victimes de dire la violence des actes et celle du silence. Permettre aux témoins de devenir soutiens. Affirmer la volonté de l’institution de ne pas fermer les yeux par confort, par lâcheté ou par loyauté envers les puissants. Mener des enquêtes justes et en finir avec l’impunité. Mais ce n’est pas suffisant. Les unes après les autres, ces affaires éclatent puis se taisent comme des vagues au pied d’une falaise. La falaise résiste pourtant. On nous parle d’un changement de culture nécessaire, on nous dit que c’est complexe, ce qui est vrai, mais cela ne doit pas être une excuse pour ne pas traiter le problème.

Au contraire, il est urgent d’agir. Car si les sanctions et les belles déclarations ne suffisent pas, c’est bien parce que nous avons affaire à un système: le sexisme. Ce n’est pas agréable à entendre. On a envie de penser qu’aujourd’hui, quand même, les choses vont mieux. Que l’époque du droit de cuissage, des gros lourds ou des calendriers inappropriés dans les bureaux, c’est du passé. Et pourtant… le sexisme est partout. Qu’il soit invisible, inconscient, bienveillant, insultant ou criminel, il existe, par défaut et dans tous les milieux. Si rien n’a été fait pour le remettre en cause, c’est le système qui prévaut.

Qu’il soit invisible, inconscient, bienveillant, insultant ou criminel, le sexisme existe, par défaut et dans tous les milieux
Pas parce que nous l’avons décidé consciemment, mais parce que nous vivons encore dans l’héritage d’une culture patriarcale où les hommes sont plus souvent en position de pouvoir (seules 9% des entreprises privées sont dirigées par des femmes en Suisse) et où ils peuvent être encouragés à penser que dénigrer les femmes est valorisant ou que le consentement est quelque chose d’accessoire.

Il ne s’agit évidemment pas de dire que tous les hommes sont des auteurs de violence potentiels, mais de rappeler que nous vivons dans une société qui est imprégnée de cette culture-là et que, si nous ne faisons rien pour la remettre en question, de fait, nous la tolérons. Ce n’est pas si compliqué, pourtant, d’agir en amont. En éduquant différemment, notamment les garçons. En mettant un terme à une construction de la masculinité qui repose sur la performance et le refoulement de ses émotions. D’une part car les hommes ont beaucoup à y gagner, d’autre part car le management dont les organisations ont besoin aujourd’hui ne s’articule plus autour de ces valeurs.

Capacité à partager le pouvoir
Dans le monde professionnel, la solution est double: il faut à la fois plus de mixité dans les postes décisionnels et une culture inclusive qui permette à chacun et à chacune de se sentir à sa place, respecté∙e, reconnu∙e pour ses compétences, avec les mêmes chances de progresser. Cela implique une réelle volonté de changement et du courage managérial: la capacité à partager son pouvoir, à questionner un modèle de leadership encore trop souvent fondé sur l’ego plutôt que l’empathie, la réussite individuelle plutôt que collective, la concurrence plutôt que la collaboration, l’excès d’assurance plutôt que la compétence. Et c’est d’autant plus nécessaire que toutes ces qualités sont fondamentales pour évoluer dans un environnement économique et technologique en pleine transformation.

Si la volonté est là, les moyens d’agir existent et les effets peuvent être rapides: former l’ensemble du personnel sur le sexisme, ses manifestations et ses effets. Informer sur ce que dit la loi, être clair sur l’engagement de l’institution et la responsabilité individuelle. S’assurer de l’exemplarité du management. Recruter et promouvoir plus de femmes dans les postes décisionnels. Ce ne sont pas de grands discours. C’est du concret. Et ça marche.

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